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  • La fourrure





    Vie et mort dans les centres de production

    La fourrure provient de deux sources, le prélèvement dans la nature par piégeage et l'élevage. Les industriels de la fourrure ont compris qu'il était plus facile de faire accepter que des animaux "élevés pour cela" soient tués, que de tenter d'expliquer combien il est "écologique" que les animaux soient pris dans la nature. Le but est, bien sûr, de faciliter la commercialisation.

    Pourtant piégeage et élevage forment le même combat : tuer des animaux pour prendre leur fourrure. Les conditions de vie et de mort des animaux dans les fermes sont indignes. Il n'y a pas de bonne méthode en la matière. Voici comment, de par le monde, des animaux sont sacrifiés sur l'autel de la mode.

    Quels sont les animaux à fourrure concernés par l'élevage ?

    En tout premier lieu, les visons, les renards et les lapins, mais aussi, en plus petit nombre, les castors, les chinchillas, les lynx, les zibelines, les loups, les coyotes, les ratons-laveurs et les putois ainsi que quelques autres moins connus (gloutons,...). Rappelons que toutes ces espèces sont également trappées.

    À quoi ressemblent les fermes et les cages ?

    Des rangées parallèles de cages sur pilotis. Au minimum une cinquantaine, parfois plusieurs milliers. Du grillage sur les six côtés, notamment sous les pattes pour isoler du sol mais laisser passer les excréments au travers et ne pas risquer de salir la fourrure. Un genre de toit est censé protéger des intempéries. Ces auvents ne sont pas toujours efficaces contre le soleil, la pluie et la neige, et presque jamais contre le vent, car ils sont souvent à plusieurs dizaines de centimètres voire un mètre au-dessus du cube de fil de fer, ce qui permet de mieux voir ce qui se passe, mais aussi de jeter la nourriture sur le grillage du haut : pas besoin d'ouvrir la porte et les animaux se débrouillent toujours pour la récupérer en la faisant passer au travers.

    En quoi consiste l'élevage d'animaux à fourrure ?

    En matière de soins, tout dépend du professionnalisme des éleveurs, et là de nettes différences apparaissent. - N'importe qui peut se lancer dans cette forme d'élevage sans niveau minimum préalable. Il n'existe (sauf, dans certains pays, pour protéger l'environnement) aucune limite légale au nombre d'animaux que l'on désire élever, et aucun rapport au nombre par personne censée "en prendre soin" : un fermier seul peut décider d'en avoir des centaines ou des milliers. - Les visons, par exemple, sont des animaux solitaires, parcourant un vaste espace où rien ne les oblige au contact de leurs congénères, sauf pendant la période d'accouplement. Dans un élevage, l'envie d'un territoire est contrecarrée par des centaines ou des milliers d'autres visons proches, parfois même un, deux ou trois autres dans la même cage.
    - Ces espèces non domestiquées souffrent considérablement des manipulations humaines, particulièrement stressantes avec l'utilisation de pinces ou de gros gants pour éviter les morsures.
    - Les animaux devraient être nourris quotidiennement, mais il n'y a pas toujours le temps de veiller à l'état de santé de chacun : il faut savoir qu'en Scandinavie, le fermier n'habite bien souvent même pas aux abords de son élevage.

    Quels sont les problèmes liés au climat ?

    - En saison froide (laquelle commence dès l'automne en Finlande), on devrait donner de la nourriture et de l'eau aux animaux plusieurs fois par jour. C'est loin d'être le cas. Dans certaines fermes, il existe un système automatique pour abreuver les animaux, mais il gèle fréquemment en hiver, raison pour laquelle certains préfèrent s'en passer.
    - Dans certains pays comme la Finlande, les hivers peuvent être très rudes (-35° voire -40°C, contre 30° en été). Cela pose problème aux animaux, même ceux adaptés au froid comme le renard polaire. Ils doivent rester constamment dehors dans une cage ouverte à tous les vents, tandis que la température intérieure d'un terrier varie peu (aux alentours de 0°C tout au long de l'année). Les putois et les chiens viverrins sont très sensibles au froid, et les pattes de ces derniers peuvent même geler, surtout sur un grillage glacé.

    Que mangent-ils ?

    - Si l'on en croit les éleveurs eux-mêmes, la nourriture représente la moitié du coût de revient d'une fourrure, et il faut donc faire des économies. C'est pourquoi, "logiquement", les carcasses des autres animaux à fourrure précédemment tués sont mangées par les suivants.
    - On leur donne par ailleurs des sous-produits de viande et de poisson de si mauvaise qualité qu'ils ne peuvent même pas servir à la nourriture des animaux domestiques.
    - Cette nourriture peu appétente, à peu près toujours identique, ne convient pas aux animaux. Il arrive qu'elle soit tellement infecte qu'ils la laissent en partie, ce qui l'amène à se gâter dès qu'il fait chaud.

    Quel peut être leur état de santé ?

    - Les captifs souffrent souvent de nombreux parasites : puces, poux, tiques et acariens divers, ainsi que des mouches attirées par les monceaux d'excréments qui s'accumulent sous les cages, parfois pendant des mois.
    - Ils attrapent donc de nombreuses maladies, souvent contagieuses, dans ces déplorables conditions d'hygiène.
    - L'insémination artificielle est fréquemment à l'origine d'infections de l'utérus.
    - Souvent, on fait "tenir" jusqu'à la date normale d'abattage un animal blessé ou malade si sa fourrure est de grand prix.

    Comment les animaux à fourrure sont-ils tués ?

    - La mort est fondée sur un seul impératif, tuer l'animal au moindre prix sans abîmer sa peau. Voici quelques méthodes de trépas pour animaux à fourrure :
    - On peut entasser jusqu'à une vingtaine de petits mammifères dans une boîte où ils sont asphyxiés avec les gaz d'échappement venant du tracteur via un tuyau. Cette technique n'est pas toujours mortelle à 100 %, et il arrive qu'un animal "se réveille" pendant qu'on lui arrache sa peau.
    - Les plus gros animaux comme les renards ont souvent des électrodes attachées à leur corps pour les électrocuter, ce qui est très douloureux et parfois long car le voltage n'est pas toujours assez fort pour les tuer immédiatement. La plupart du temps, une grosse pince se referme sur les babines pendant qu'une tige est enfoncée dans l'anus.
    - Il existe aussi l'empoisonnement par la strychnine, poison qui n'est pas interdit partout : il cause des crampes extrêmement douloureuses car il paralyse progressivement les muscles, ce qui entraîne une suffocation quand les muscles respiratoires sont atteints. Par économie, on met souvent la dose minimum, ce qui prolonge la terrible phase de tétanie préalable.
    - En matière de poison, on se sert en fait de tout et de n'importe quoi, surtout si c'est facilement disponible dans le commerce, par exemple de désherbants. Le dithyllinium, poison curarisant, se contente de paralyser les renards mais ne les tue pas : ils ressentent la douleur quand on les dépèce vivants. Interdit en Finlande, ce produit bon marché est largement utilisé en Russie car arracher la peau d'un animal encore chaud est plus facile...
    - On peut aussi leur rompre les vertèbres cervicales, les gazer avec des produits chimiques à base de cyanure ou les mettre dans une chambre à décompression.

    Que fait-on de leurs fourrures ?

    - Dans le cas des renards, 90 % des peaux sont utilisées pour faire des garnitures. Ils meurent presque tous pour obtenir des "ornements" aux manches, au col, ou pour souligner un dessin.

    Le piégeage, sans cruauté ?

    Tous les animaux tués pour leur fourrure ne viennent pas d'élevages. Certains sont piégés en pleine nature. Cette réalité, même les industriels la reconnaissent. D'après leurs propres chiffres, 15% des animaux tués pour leur fourrure ont été piégés. Et encore ce chiffre ne porte-t-il que sur les fourrures commercialisées. Or, un piège attrape ce qui passe au dessus de lui, il ne fait pas de détail.

    C'est ainsi que des centaines de milliers d'autres animaux meurent. Les trappeurs leur ont trouvé un nom : les "déchets".

    Ours polaires

    La liste des animaux concernés est très large. Elle émane des trappeurs, eux-mêmes. La société de la faune et des parcs Québec publie ainsi le résultat des ventes de fourrures d'animaux sauvages entre le 1er janvier 2001 et le 30 août 2002 : Belettes (14 047), Castors (69 023), Coyotes, (4 285), Écureuils (5 394), Loups (353), Loutres (4 438), Lynx du Canada (3 579), Martre d'Amérique (39 497), Moufette rayée (132), Ours noirs (1 531), Ours polaires (23), Pékans (7 383), Rats musqués (70 118), Ratons Laveurs (13 645), Renards argentés (86), Renards arctiques (26), Renards croisés (591), Renards roux (18 434), Visons (9 573).

    Interdiction

    Les campagnes menées par les protecteurs des animaux, qui ont dénoncé sans relâche l'utilisation de pièges et notamment de pièges à mâchoires ont abouti, finalement, à leur interdiction en Europe, dès 1991. Cette interdiction devait s'assortir de la non importation de peaux prélevées de cette manière dans les pays extérieurs à l'Union. Il va de soi que le Canada, les Etats-Unis et la Russie, les plus importants pourvoyeurs de fourrure sauvage se sont alarmés de cette décision, très pénalisante financièrement.

    Traditions

    Ils ont, habilement, fait valoir que pour certaines tribus, le piégeage fait partie des traditions. Mettant en avant les Amérindiens ou les Inuits, ils oubliaient de dire que ces peuples n'effectuaient pas et de loin, les prises les plus importantes. Mais l'argument humanitaire a joué à plein. Résultat, il a fallu attendre décembre 1997 pour qu'un accord soit enfin signé avec le Canada et la Russie, et août 1998 avec les Etats-Unis. Ces accords prévoyaient que les exportations de fourrure pouvaient se poursuivre, à la condition que les pièges à mâchoires soient bannis à compter de 2001. Soit dix ans de gagnés pour les piégeurs.

    "Sans cruauté"

    Cet accord, dit "accord sur des normes internationales de piégeage sans cruauté", prévoit aussi la création de nouveaux modes de piégeages, plus "humains", qui devraient être utilisés au plus tard en 2007. Donc, de l'aveu même de ce texte, le piégeage actuel est cruel. De surcroît, le document n'est pas terriblement contraignant pour les trappeurs. Il y est ainsi indiqué : "Même si le bien-être peut varier considérablement, le terme «sans cruauté» est appliqué uniquement aux méthodes de piégeage qui maintiennent le bien-être des animaux à un niveau suffisant, bien qu'il soit admis que, dans certaines situations, dans le cas de pièges destinés à la mise à mort, le niveau de bien-être peut être bas durant un court laps de temps."

    Expérimentation

    Au fait comment crée-t-on des pièges "sans cruauté"? En les testant sur des animaux. C'est ainsi que le programme de recherche et de développement des pièges de l'Institut de la fourrure du Canada mené aux installations de l'Alberta Research Council Vegreville a coûté un million de dollar. L'Institut précise "Les animaux servant au programme de recherche et de tests des pièges sont traités selon les exigences du Conseil canadien de protection des animaux, qui régit l'utilisation des animaux expérimentaux". Certes, des expériences logicielles sont aussi menées. Mais on en arrive au paradoxe de tuer des animaux pour en tuer "humainement" d'autres. Comprenne qui pourra.

    Limites

    En outre, la recherche a ses limites. Le même Institut note : "de nouveaux pièges " rembourrés " ont récemment été mis au point pour les prédateurs de plus grosse taille : renards, coyotes et loups, pour lesquels on n'a pas encore inventé de pièges entraînant la mort rapide".

    Automutilation

    Que se passe-t-il pour l'animal piégé par la patte ? Certains arrivent à se délivrer en se rongeant la patte et survivent. D'autres se mutilent également et meurent un peu plus loin en raison de l'hémorragie. Une étude américaine a montré que 27 % des visons, 24 % des ratons-laveurs et 26 % des renards s'auto-mutilaient. Par ailleurs, des autopsies menées sur des renards arctiques ont permis de retrouver dans leurs estomac des morceaux de leur propre corps : des parties de pattes, des griffes, des bouts d'os et surtout de dents car elles éclatent très souvent sur le métal lors des tentatives de libération. Les trois-quart des animaux meurent donc prisonniers du piège. Mais pas de façon rapide. Ils meurent de faim ou de soif, dévorés par un autre animal sauvage. Ils ne sont tués par les trappeurs que si ces derniers ne tardent pas trop.

    Agonie

    Il ne faut pas en conclure que les autres pièges soient plus doux. Des expériences ont montré que même un piège qui broie sous l'eau (à mâchoires aussi, mais également les modèles dits "en X" ou "livres de messe") ne réussit pas à supprimer l'agonie : pour les visons, la perte de conscience prend en moyenne, deux minutes trente, et entre trois et quatre minutes pour un rat musqué. Les castors se débattent pendant neuf minutes et demi, leur cerveau fonctionne bien plus longtemps et les battements de coeur ne s'arrêtent qu'au bout de 15 minutes, toujours en moyenne.

    Déjà Darwin

    Il existe de très nombreuses déclarations récentes de personnalités et de scientifiques qui portent témoignage de l'horreur du piégeage. Mais en 1863 déjà, le célèbre naturaliste Charles Darwin condamna les pièges à mâchoires, indiquant qu'ils menaient "des milliers d'animaux à une extrêmement douloureuse agonie, probablement pendant une durée de 8 ou 10 heures, avant que la mort n'y mette fin." Il demanda à ses compatriotes anglais d'agir contre "une si terrifiante somme de cruauté".

    Histoires de bêtes

    Au Canada, dans la province de Colombie Britannique, des zoologistes chargés par le gouvernement d'étudier la vie de l'ours grizzly, tombèrent sur un piège dans lequel se trouvait un ourson mort. L'examen leur fournit des indices indéniables selon lesquels la mère elle-même avait tué son petit qui se débattait dans d'insupportables douleurs. Il arrive parfois que des animaux soient retrouvés vivants, même au bout de plusieurs semaines. Lors d'une consultation parlementaire, un trappeur de l'Alaska rapporta le cas d'un lynx qui survécut six semaines dans son piège : d'autres congénères lui avaient apporté de la nourriture.

    Un rapport européen accablant pour les éleveurs

    Les conditions de captivité et de décès des animaux élevés pour leur fourrure sont déplorables. C'est le Comité scientifique sur la santé des animaux, une instance de l'Union Européenne, qui l'affirme. Il a passé en revue, espèce par espèce, les conséquences de la captivité. Son rapport a été rendu public en 2001. Il est accablant.

    Euthanasie

    Il s'est penché sur la façon dont ces animaux sont sacrifiés. Sur ce point, le dossier est d'une clarté absolue : les procédés employés sont cruels. «L'euthanasie devrait être menée uniquement avec des méthodes humainement acceptables», soulignent les chercheurs. Façon de dire que ce n'est absolument pas le cas à présent. En effet, les animaux finissent le plus souvent gazés ou électrocutés. Et leur mort n'est pas rapide.

    Ulcères

    Avant de connaître cette triste fin, les animaux doivent subir des conditions de détention dégradantes. Les visons, par exemple, souffrent d'ulcères à l'estomac, tant ils sont stressés. Les comportements aberrants sont légion. Leurs manifestations varient et peuvent aller jusqu'à l'automutilation. Pourquoi ? Tout simplement parce que leurs cages ne sont pas adaptées. Elles sont trop petites. En outre, « les visons d'élevage apprécient de pouvoir nager », souligne le rapport. Mais ils n'ont pratiquement jamais la possibilité de le faire.
    Les « éleveurs » ne s'en préoccupent bien sûr pas et pourtant cela se retourne contre eux. En effet, les visons connaissent de grandes difficultés de reproduction. « La mortalité infantile peut atteindre jusqu'à 30%», note le Comité scientifique qui estime de 2% à 5%, la mortalité des adultes.

    Automutilations

    Les renards ne sont pas mieux traités. Eux aussi souffrent de la privation de toute possibilité d'exercice physique. Dans leurs cages étroites, point de tunnels dont ils raffolent. Alors eux aussi s'automutilent. Et surtout, ils manifestent une peur panique des humains. Là encore, une surmortalité des petits est constatée. Quant aux chinchillas, entreposés dans des cages inadaptées, ils se blessent à chaque fois qu'ils sursautent.

    Mesures

    Face à cette situation, le Comité scientifique préconise toute une série de mesures. Si elles étaient appliquées, concrètement, il n'y aurait plus de ces usines de souffrances. Ainsi, il est indiqué que « les éleveurs ne devraient être autorisés à détenir des animaux que s'ils disposent d'un diplôme sanctionnant leurs connaissances en matière de gestion de l'espèce, de bien-être et de biologie». Ils devraient également tenir à jour un registre mentionnant les maladies rencontrées dans l'élevage ainsi que la mortalité. Et leurs installations « devraient être inspectées au moins une fois par an ».

    Le rapport souligne également que les cages devraient être entièrement revues afin d'apporter le confort nécessaire aux animaux. Les scientifiques se sentent aussi obligés de prodiguer des conseils tels que de soigner les animaux blessés. Car pour les éleveurs, cela ne va visiblement pas de soi. Enfin, il est demandé que les animaux ne soient plus prélevés dans la nature.


    Marie SIGAUD

    Source : One Voice


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  • Des chasseurs de l’Alaska ont découvert un morceau de harpon datant du 19ème siècle, dans le corps d’une baleine péchée le mois dernier. Pris dans l’épaule de l’animal ce fragment de harpon explosif long de 9 cm laisse penser que l’animal avait été blessé, il y a 120 ans environ. Le type du harpon était d’une fabrication produite entre 1879 et 1885. La baleine était de type « boréale » et peut mesurer jusqu’à 20 mètres de long. La découverte du harpon semble confirmer des récentes études suggérant que cette espèce longtemps considérée comme vivant jusqu’à 70 ans peut en fait atteindre plus de 150 ans. A.L.G.


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